interview avec docteur Mezhoud

Qu’est-ce qui a changé ces dernières années dans la fabrication des implants ?

En effet, les implants ont beaucoup progressé en l’espace d’une dizaine d’années, notamment la qualité du gel de silicone. Ce gel ne sourd pas au travers de la paroi, donc on appelle ces prothèses « sèches » car elles restent sèches.

La silicone, à la base une substance huileuse, lorsqu’elle est trop liquide, peut traverser la paroi et rendre la prothèse à son tour huileuse, d’où l’arrivée de problèmes inflammatoires et de coques. Aujourd’hui, avec les gels perfectionnés que l’on utilise, on estime la durée de vie d’un implant à quinze ans. Il faut les changer si la mammographie atteste soit une usure, soit une rupture.

interview avec docteur Mezhoud

Quelle méthode préconisez-vous pour une hypertrophie mammaire ?

Je commence par essayer de mettre ma patiente au régime en cas de surpoids. Mais cela n’est pas toujours possible, car si elle ne se sent pas bien, elle ne parvient pas à maigrir et elle déprime. Parfois, nous sommes donc contraints d’intervenir lorsqu’il est tout simplement impossible de réduire son poids et de redonner confiance à la personne. On procède à une réduction de l’excès de volume de graisse, sans rajouter d’implant.

On réduit donc les seins, et on les remonte ; c’est de la couture. On réalise une cicatrice autour du mamelon et lors des grandes réductions, une cicatrice verticale sur le sein. Dans une configuration où la ptôse et l’hypertrophie sont encore plus importantes, on rajoute une cicatrice horizontale courte dans le sillon sous-mammaire. Plus on enlève de volume, plus les cicatrices s’allongent, c’est de la géométrie. Sur cette réduction mammaire, la cicatrice autour du mamelon est invisible.

En ce qui concerne la partie de l’intervention où l’on remonte le sein, qu’est-ce que l’on remonte exactement ?

Le muscle ?

Non, le muscle ne tient rien, c’est la peau qui tient le sein. On va donc enlever de la peau. Le sein, c’est un contenu et un contenant, une enveloppe et un mélange de glande et de graisse en proportions variables. Quand ce sac mammaire est trop grand, il faut réduire et l’enveloppe et son contenu.

Dans le cas d’un sein petit et tombant, il faut remonter mais aussi remplir. On pose de l’implant mammaire et pour remonter, personnellement, je pratique une technique que j’ai beaucoup utilisée et améliorée, avec une seule cicatrice « péri aréolaire ». Cette technique est très méconnue car mal utilisée. À mon sens, dès l’instant où l’on peut réduire les cicatrices, la pratique devient encore plus intéressante. Le but, c’est d’avoir une belle poitrine et donc le moins de cicatrices visibles.

Peut-on enlever les cicatrices au laser ?

Évidemment elles sont un peu le passage obligé dans ce type de chirurgie, et on les fait les plus fins et discrets possibles. Mais il y a une part qui revient à la patiente : son mode de cicatrisation. Il faut donc un suivi assidu. Entre le deuxième et le quatrième mois, il faut garder un œil attentif sur les cicatrices pour ne pas les laisser devenir hypertrophiques ou inflammatoires, et pouvoir agir à tout moment.

Chaque cicatrice évolue sur environ une année. Elle est quasi invisible les deux premiers mois. Ensuite, il y a une réaction inflammatoire normale secondaire qui va conduire la cicatrice à rougir, puis, vers quatre-cinq mois, cela décroît pour redevenir invisible. Les patientes doivent venir tous les mois se faire contrôler.

Pour faire face à ces situations diverses, on a différents types de pansements : des pansements en silicone compressifs, des injections dans les cicatrices de dérivés de corticoïdes pour le phénomène inflammatoire, des massages, et différentes actions qui nous permettent de régler le problème. Si malgré nos soins – ou si la patiente a échappé à notre surveillance – nous ne parvenons pas au résultat souhaité, on peut opter pour une séance de laser, mais avec un recul de huit mois à un an.

Outre une surveillance accrue de la cicatrisation, y a-t-il des traitements postopératoires ?

Je conseille des compléments alimentaires à base de vitamine E qui contribuent à améliorer la cicatrisation. Je déconseille aussi de fumer car c’est un mauvais facteur pour la vascularisation de la peau, et donc la cicatrisation.